De passage à Paris, le vice-président d'Oracle, John Fowler, a consacré à Développez quelques minutes de son emploi du temps très rempli.
Au centre de l'entretien, la position du géant de l'informatique par rapport à l'open-source, bien sûr, et la défiance grandissante de la communauté des développeurs.
« On ne nous félicite jamais pour ce que nous faisons pour l'open-source », se désole John Fowler. En revanche, les médias spécialisés se feraient beaucoup plus l'écho des procès d'intention que des faits réels.
« Nous participons au Kernel de Linux, nous investissons beaucoup dans Java pour améliorer ses performances, nous écoutons les retours des développeurs », et pourtant cette image d'ennemi du libre est en train de gagner du terrain.
John Fowler, Vice-Président Exécutif d'Oracle
La faute au procès contre Google sur Android ? « Avec Google, c'est une histoire de licences. Les clash entre les sociétés arrivent. Mais cela ne change strictement rien à notre implication dans le libre ».
Des preuves ? Le noyau Linux d'Oracle est sous licence GPL. Les technologies dans lesquelles Oracle investit sont – encore et toujours - librement disponibles. Et de citer MySQL. Mais pas Solaris.
Une autre accusation dérange John Fowler : celle d'un Oracle aux produits fermés, propriétaires, captifs.
D'après lui, tout part d'un malentendu lié à la stratégie d'intégration verticale de la société.
Avec le rachat de Sun, Oracle a choisi de développer des offres qui vont du « hardware aux applications » (sic).
« Ces offres ne sont pas des Bundles », s'empresse-t-il de préciser. Il ne s'agit plus pour Oracle de proposer des couches successives indépendantes (storage, serveur, solution de virtualisation, OS, bases de données, Middleware, etc.). Toutes ces couches sont à présent imbriquées pour une plus grande optimisation. « Nous changeons la manière d'aborder le hardware et le software ».
Les performances semblent suivre. Mais il y a un revers à la médaille. Le produit fini, certes optimisé, serait composé de solutions difficilement remplaçables par celles de la concurrence.
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sur la nouvelle stratégie de l'entreprise
John Fowler balaie ce revers de la médaille d'un revers de main. « Le quiproquo vient du fait que beaucoup de gens pensent que ces solutions sont fermées. Ce n'est pas le cas ! Si un client veut faire tourner Windows, ou SQL Server, ou SAP sur des machines Oracle, il le peut parfaitement ».
Mieux, l'amélioration des performances des couches Oracle amélioreraient de facto les performances de ces solutions tiers (un serveur plus rapide et une meilleure base de données boosteront n'importe quelle solution BI par exemple).
Et d'enfoncer le clou pour que le message passe : « Il n'y a aucun moyen que nous puissions imaginer exclure d'autres technologies comme celles de SAP ou de SAS. D'ailleurs la plupart des entreprises ont leurs propres applications à elles. Ce choix est une demande de nos clients ».
Ouvert donc, pour les technologies et pour le choix. Pourtant, des rumeurs persistent. Oracle empêcherait – ou ferait tout pour empêcher – l'utilisation des solutions de virtualisation de VMWare.
Là encore, fausse rumeur pour John Fowler.
Ou plus exactement, déformation de la réalité : « Quand un de nos clients nous appelle pour nous dire qu'il a un problème avec VMWare (ou un autre produit tiers), on fait tout ce que l'on peut pour l'aider. Concrètement, pour VMWare on testera la partition physique. Mais il faut bien voir que nous ne pouvons pas garantir ce qui est fait par d'autres. Au final, si on ne comprend pas le problème on conseille à notre client d'aller demander de l'aide à l'éditeur »... Mais le mieux serait tout de même de tout prendre chez Oracle ?
« Mais on ne l'empêchera jamais de choisir une solution qui n'est pas Oracle, et on ne le laissera pas sans assistance », conclue-t-il sur cette (fausse) rumeur.
Du hardware aux applications, de plus en plus puissant (et critiqué ?), Oracle prendrait-il le même chemin que l'IBM des années 70. Sa stratégie y ressemble en tout cas fortement.
« Il y a deux énormes différence avec IBM », tempère John Fowler. « La première c'est que notre offre est plus complète. Nous proposons certes des bases de données, du Middleware et du Hardware. Mais nous proposons aussi des ERP, du CRM, etc. C'est très important pour nos clients ».
Quant à la deuxième différence - que, d'après lui, on ne répétera jamais assez : « Nos technologies sont ouvertes. Et vous êtes libre de choisir telle ou telle brique de notre offre ».
Autre idée reçue, Oracle fournisseur des grands groupes ?
Exadata, le très haut de gamme de chez Oracle
« Exadata n'est pas juste pour les gros. Nous avons plus de 300.000 clients, tous très différents, et de toute taille. Exadata est aussi disponible sur de petites machines ».
Une telle solution très haut de gamme conviendrait donc à n'importe quel type de société, y compris les PME.
« Le dernier exemple en date que j'ai à l'esprit est une société de 20 personnes, avec deux ou trois serveurs. Les deux responsables IT se sont retrouvés avec une petite boite grande comme ça [NDR : il fait une boite d'environ 50 cm sur 40 cm avec ses mains] à la place de leurs anciens serveurs. Ils étaient ravis ! ».
Jovial et direct, John Fowler peut également être incisif.
Surtout lorsqu'il s'agit de performances. Et d'open-source.
Car chez Oracle, à l'image de Larry Ellison, son PDG (« je ne sais pas quand il dort », plaisante John Fowler), on ne transige visiblement pas avec les objectifs et les feuilles de route : « Nous avons décidé de proposer notre propre noyau Linux alternatif parce que des sociétés comme Red Hat mettent un temps fou à réagir. Franchement, Red Hat ils ont deux ans de retard là-dessus ».
Pris par le temps et happé par ses rendez-vous, le Vice-Président prend congé.
Qu'à cela ne tienne, un autre rendez-vous est pris avec John Fowler. Un ancien de Sun qui a l'air de se plaire chez Oracle.
Il y en a donc au moins un.
Et vous ?
Que pensez-vous des arguments de John Fowler ?
Quelle question lui auriez-vous posée ?
Exclusif : « Oracle n'est ni l'ennemi du libre, ni le chantre des solutions fermées »
Son Vice-Président nous explique la position du groupe
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Le , par Gordon Fowler
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